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Le « Podcast de l’émergence » est une série de balados visant à faire découvrir les gestionnaires émergents du Québec. Aujourd’hui : Charles Lemay, vice-président, développement des affaires et chef des finances pour Gestion de portefeuille Landry.

Se retrouver dans la capitale financière mondiale au moment où les États-Unis vivaient l’une des pires crises économiques de leur histoire a profondément marqué Charles Lemay, vice-président, développement des affaires et chef des finances pour Gestion de portefeuille Landry.

« C’était vraiment une expérience inoubliable. Ça forme une personne, une carrière. Je suis content de l’avoir fait dans la vingtaine et non dans la quarantaine, avec le stress que ça implique, confie le financier. Tu vois des gens se faire renvoyer à ta droite, à ta gauche. Tu gardes la tête basse et tu travailles fort, 80, 100 heures par semaine. C’était formateur. »

Pour ses études d’abord, puis le travail ensuite, le financier a installé ses pénates au New Jersey et à New York de 2002 à 2014. La crise de 2008, il l’a vécue aux premières loges, pour ne pas dire « survécue ».

« Je suis allé voir un cardiologue à 25 ans et je lui ai dit : « Ok, j’ai des palpitations cardiaques, est-ce normal? ». Il m’a répondu : « Écoute, disons que la position dans laquelle tu te trouves en ce moment, c’est-à-dire faire de la gestion de risque dans les produits dérivés durant la crise économique, te place peut-être dans le feu de l’action plus que n’importe qui. » »

Comme plusieurs jeunes aspirant au succès financier, Charles Lemay rêvait de faire carrière à Wall Street. « En 2005, j’ai commencé à l’arrière-guichet (back office) à Morgan Stanley, à Brooklyn. Ma station de métro se situait tout juste après celle de Wall Street. Je passais devant la station Wall Street et je me disais : « Non, je m’en vais à Brooklyn, moi ». J’avais un pincement au cœur. Mais je me convainquais qu’un jour, j’allais y travailler. Puis, en 2006, j’ai été embauché par Goldman Sachs et j’arrêtais à la bonne station de métro! »

UN « STANDARD MONTRÉALAIS »

Après s’être trempé dans la culture économique new-yorkaise, Charles Lemay revient à Montréal en 2014. En quoi New York se démarque-t-elle de Montréal?

« L’esprit compétitif de performance, lance-t-il sans hésiter. À New York, tu es entouré des meilleurs, explique-t-il. Tu ne peux pas faire ton smart ou être confiant à outrance parce que tu vas te faire ramasser. La finance est un domaine qui garde très humble. »

S’il consent que le talent est bien présent à Montréal, M. Lemay dénonce toutefois ce qu’il appelle le « standard montréalais » qui règne dans le domaine financier, où l’éducation est peut-être un peu trop valorisée.

« L’éducation n’est pas chère ici. On voit souvent le standard montréalais : un jeune de 25, 26 ans qui a une maîtrise et le titre de CFA avant même de commencer à travailler. Les études, c’est super important, mais en affaires, il faut davantage apprendre sur le terrain que dans les livres », dit Charles Lemay, qui déclare passer près de la moitié de son temps de travail à analyser les marchés.

Mentor pour des étudiants à l’Université McGill, M. Lemay insiste pour dire qu’une maîtrise et un titre de CFA ne sont pas les seules façons de se démarquer dans l’industrie. « J’ai des amis qui travaillent à Wall Street, pour Blackstone, Millenium, Goldman Sachs. Ils n’ont pas de maîtrise, pas de CFA, et croyez-moi, ils gagnent bien leur vie. »

Avec la collaboration de Caroline Ethier.

Un peu plus sur Pierre-Luc Poulin et le « Podcast de l’émergence »

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Détenteur d’un baccalauréat en administration des affaires, Pierre-Luc Poulin a poursuivi sa formation à l’Institut canadien des valeurs mobilières où il a obtenu le titre de fellow (FCSI). Après avoir travaillé dans les milieux financiers et bancaires, il est devenu, en janvier 2001, formateur indépendant. Outre la finance, il enseigne également en communication et marketing et est auteur de publications sur le marketing web, Warren Buffett, ainsi que de romans.

L’idée du « Podcast de l’émergence » lui est venue au printemps 2018, à la suite d’une rencontre avec des gestionnaires de patrimoine émergents du Québec. Pierre-Luc Poulin entreprend alors de les faire découvrir au public par ce balado, mais aussi la publication du livre Québec & cie : investir grâce aux gestionnaires en émergence du Québec, qui devrait paraître en novembre 2018.