Un homme d'affaire debout sur une route, les mains sur les hanches face à un lever de soleil.
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Nous entendons de plus en plus parler de récession depuis quelques mois, mais approche-t-elle vraiment? Mettons les choses en perspective.

Un pays est en récession technique lorsqu’il enregistre une croissance négative de son produit intérieur brut pendant deux trimestres consécutifs. En pareille situation, la production industrielle se retrouve à son plus bas, le niveau de confiance des consommateurs diminue, bref, l’économie est en panne.

Rappelons-nous la dernière récession que nous avons traversée en 2008. Un choc sans précédent. La récession a été amplifiée par les excès de la nouvelle ingénierie financière (titres adossés à des créances hypothécaires, papiers commerciaux, subprimes et toute une panoplie de boîtes noires indéchiffrables) et, à la fin de la crise, par la faillite de nombreuses banques à travers le monde.

Le marché immobilier américain s’est effondré (un de mes clients s’est d’ailleurs procuré une superbe maison en Arizona pour une bouchée de pain). Le nombre de mises en chantier aux États-Unis est tombé sous la barre des 500 000, l’équilibre se situant plutôt autour de 1 500 000, selon Bloomberg. Les données de l’agence montrent aussi que plus de 8 500 000 emplois ont été perdus. Une masse inimaginable de capital est sortie des marchés boursiers et s’est retrouvée en liquidité, sur les lignes de côté. La catastrophe boursière : des pertes de plus de 50 % ont été enregistrées en cours d’année…

ELLE EST DE RETOUR 

Mais une récession, c’est normal, un passage obligé. Nous en avons traversé huit depuis 1960, indique Bloomberg. Certaines sont plus sévères que d’autres en amplitude et en durée, mais chaque fois, nous en sommes sortis plus forts.

Comment prévoir la prochaine? Il y a certains signes qui ne trompent pas. En se penchant sur ce phénomène, on remarque une certaine corrélation entre l’évolution des taux d’intérêt et le début d’une récession. Chaque fois, depuis 1960, que les taux obligataires 10 ans ont affiché une valeur plus faible que les taux à trois mois (inversement de la courbe des taux), nous nous retrouvions en récession un ou deux mois plus tard.

Aujourd’hui, la courbe est aplatie (taux 10 ans égaux aux taux trois mois), mais avec une tendance à l’inversion, note-t-on à Optimum Gestion de Placements… On constate aussi une plus grande volatilité des marchés boursiers. Souvenons-nous des mois d’octobre et décembre 2018, qui ont enregistré quelques baisses plutôt magistrales témoignant de la nervosité de l’investisseur. Autre élément qui nous rappelle que nous ne sommes pas loin de la prochaine récession : la durée du présent cycle financier s’étire. On parle ici d’un cycle de 10 ans. Ça s’est déjà vu, mais ça reste plutôt long.

QUE FAIRE? 

Voici comment gérer les placements de vos clients en préparation d’une récession.

  1. Augmenter la proportion des placements à revenu fixe et en réduire la durée, puisqu’il n’y a pas d’avantage financier à investir à plus long terme. Des investissements obligataires de plus courte durée seront aussi moins volatils que ceux à plus long terme.
  2. Ne pas vendre toutes les actions. Certains secteurs se comportent assez bien même en période de récession, malgré la tendance générale à la baisse. De plus, il est extrêmement difficile de se synchroniser avec le marché (sortir et entrer au bon moment). Les secteurs financier, de la consommation de base et des télécommunications peuvent relativement constituer de bons refuges.
  3. Privilégier les titres qui versent des dividendes.
  4. Mieux vaut laisser les derniers dollars sur la table que de risquer d’y laisser sa chemise. Ne soyez pas trop gourmands, réalisez vos gains au lieu de les réinvestir malgré les impôts à payer. Pensez aux chutes boursières de Nortel, Bombardier, SNC-Lavalin et bien d’autres.

Enfin, l’important est de suivre le plan et la politique de placement que vous avez mis en place. La prochaine récession ne sera hélas pas la dernière et elle risque de ne pas trop affecter vos clients si vous suivez ces principes de base et gardez le cap à moyen et long terme.

Sylvain B. Tremblay, Adm.A., Pl. Fin., est vice-président, Gestion privée à Optimum Gestion de Placements.


• Ce texte est paru dans l’édition de septembre 2019 de Conseiller.
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