Des bras d'hommes et de femmes d'affaire, le pouce en l'air.

La hausse des rendements obligataires et l’élan des marchés boursiers en fin d’année ont gonflé la solvabilité des régimes de retraite à prestations déterminées au Canada au quatrième trimestre de 2019, rapporte Aon.

En cours d’année, le ratio de solvabilité médian d’Aon a progressé de près de 7,2 points de pourcentage pour atteindre 102,5 %. Cette hausse flirte avec le record trimestriel atteint au troisième trimestre de 2018.

La proportion de régimes entièrement capitalisés se situait à 54 % au 1er janvier 2020, en hausse de 16 points de pourcentage sur douze mois et de près de 7 points de pourcentage sur trois mois. Les actifs des régimes de retraite ont progressé de 1,9 % au quatrième trimestre, comparativement à 2,2 % au troisième trimestre. Le rendement global de l’actif pour l’année s’est établi à 15,9 %. 

EMBELLIE SUR LES MARCHÉS

Les bons rendements obligataires au Canada sont en partie la cause de la bonne santé de ces régimes. Au cours du quatrième trimestre de 2019, les taux des obligations canadiennes à 10 ans ont augmenté de 33 points de base et ceux des obligations canadiennes à long terme de 23 points de base. Cela a contribué à réduire le passif des régimes de retraite et à améliorer leur solvabilité. 

Reste que les rendements des obligations à 10 ans ont terminé l’année à 26 points de moins qu’au début de 2019 et ceux des obligations à long terme à 42 points de moins. Il faut donc se garder de confondre les événements du quatrième trimestre avec une tendance à long terme, avertit Claude Lockhead, associé exécutif, solutions pour la retraite d’Aon. « Malgré la hausse des rendements au quatrième trimestre, la tendance baissière à long terme semble vouloir perdurer, compte tenu des attentes modérées sur le plan de l’inflation et du ralentissement de la croissance mondiale », affirme-t-il. 

La solvabilité des régimes de retraite a aussi été soutenue par la bonne performance des actions, dont toutes les catégories ont généré un rendement annuel positif en dollars canadiens, malgré un départ cahoteux. « Une résolution partielle du conflit commercial sino-américain, la récente élection britannique et une politique monétaire plus accommodante semblent avoir créé des bases plus solides pour les actions mondiales, de sorte que le rendement global des actifs de retraite a dépassé sans peine celui de l’an dernier, analyse Erwan Pirou, directeur des investissements du Canada chez Aon. Nous ne sommes toutefois pas convaincus que ce sentiment d’optimisme renouvelé survivra au-delà de 2020. » 

GÉRER LES RISQUES

Selon lui, la faible croissance mondiale continue de nuire à la valorisation des actions et les forces à l’origine de la réorientation du commerce mondial et d’autres relations économiques demeurent actives, laissant présager plus de volatilité à l’avenir. « Compte tenu de la solidité financière des régimes de retraite canadiens, il est judicieux de la part des promoteurs de régimes de réévaluer leurs stratégies d’atténuation des risques pour la nouvelle année, » suggère-t-il.

D’autant que, comme le rappelle son collègue Claude Lockhead, les régimes canadiens feront face à des changements réglementaires en 2020 et au cours des années suivantes. La Colombie-Britannique a notamment imité le Québec et l’Ontario en abandonnant les règles de capitalisation selon l’approche de solvabilité. 

« Nous verrons bien si ce répit de volatilité des marchés financiers et de baisse des rendements persiste, mais les promoteurs ne devraient pas se bercer d’illusions, car cette pause risque de n’être qu’un phénomène de courte durée », conclut Claude Lockhead.