Femme qui regarde un écran où s'affiche graphiques et tableaux boursiers.
Photo : Laurence Dutton / iStock

La crise financière et économique engendrée par la pandémie met à rude épreuve les nerfs des investisseurs en quête de revenus. Sans dividendes, vers quoi peuvent-ils se tourner?

On peut certainement placer les dividendes au rang des victimes de la COVID-19. Un grand nombre d’entreprises les ont réduits, différés ou carrément annulés.

Au Canada, cette réflexion stratégique a aussi dû s’effectuer à l’aune de la modification, en 2019, de la Loi canadienne sur les sociétés par actions, qui stipule que les chefs d’entreprise doivent agir en tenant compte des intérêts à long terme d’une société. 

LES DIVIDENDES DANS LE COLLIMATEUR

« Il serait très difficile de faire valoir que lorsque des décisions difficiles doivent être prises au sujet de la mise à pied de travailleurs et des chaînes d’approvisionnement, le versement de dividendes ne devrait pas être [étudié] », soutient Richard Leblanc, professeur de gouvernance, de droit et d’éthique à l’Université York, dans un article de La Presse Canadienne.

Au Canada, le secteur énergétique a été particulièrement touché par l’abandon des dividendes, alors que les grandes institutions financières tiennent mordicus à préserver cet avantage très prisé des investisseurs. Rappelons cependant que la Banque Laurentienne a annoncé en juin la réduction de son dividende.

Ailleurs, certains gouvernements ont carrément interdit les dividendes dans certaines entreprises. En Europe, c’est le cas pour toutes celles qui bénéficient de l’aide de l’État. L’Union européenne a aussi demandé aux banques dès la fin mars de ne pas verser de dividendes avant au moins octobre 2020.

CHANGER DE STRATÉGIE

Que peut-on faire en attendant que cette situation se normalise ? Maike Currie, directrice de l’investissement à Fidelity International, offre quelques conseils aux investisseurs dans le Financial Post. Elle suggère de faire comme d’habitude, c’est-à-dire regarder du côté de Warren Buffett pour s’inspirer! 

Pourtant l’oracle d’Omaha a connu plusieurs creux pendant la crise avec ses investissements dans les lignes aériennes et les firmes énergétiques. Mais Mme Currie fait plutôt référence à une vieille habitude de M. Buffett : investir dans des sociétés de qualité, bien gérées par une direction qui réinjecte les profits dans l’entreprise et facilite ainsi les gains à long terme.

En effet, les actions qui génèrent les meilleurs rendements à court terme, notamment grâce aux dividendes, ne sont pas nécessairement celles qui offrent les perspectives les plus intéressantes à long terme pour les investisseurs. Depuis plusieurs années, un accès bon marché au crédit a permis aux entreprises de distribuer de généreux dividendes, mais en négligeant les investissements favorables à la croissance future de leur société.

REVENIR À LA BASE

Mme Currie propose d’abord de réviser à la baisse les attentes de revenus. De toute évidence, les profits des entreprises vont diminuer au cours des prochains mois, entravant leur capacité à verser de généreux dividendes.

Elle invite ensuite à revenir à la base et repérer les sociétés qui affichent un solide modèle d’affaires et dont la barque est menée par une direction agile et responsable.

Enfin, il faudra faire preuve d’un peu plus de détermination pour trouver les bonnes entreprises qui restent profitables et offrent d’intéressantes perspectives. Certains gestionnaires d’actifs les cherchent en Asie, là où plusieurs sociétés continuent de verser des dividendes. 

D’autres croient plutôt que les meilleures occasions de croissance du capital seront offertes par les entreprises qui ont justement suspendu leurs dividendes, puisque le prix de leurs actions pourrait remonter fortement lorsqu’elles recommenceront à les verser. On peut donc acheter leurs actions à des prix intéressants en attendant la reprise.

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