Planète terre prenant la forme d'une bombe.
Photo : Chatcharin Sombutpinyo / 123RF

Une enquête d’envergure mondiale auprès d’investisseurs institutionnels, chapeautée par le Centre Intact d’adaptation au climat de l’Université de Waterloo, le Global Risk Institute et le Global Projects Center de l’Université Stanford, s’est penchée sur le besoin d’informations concernant les risques liés aux changements climatiques pesant sur les portefeuilles.

 Selon l’enquête, plusieurs investisseurs se tournent désormais vers les matrices de risques climatiques (MRC), des outils permettant de mieux incorporer ce type de risques dans la gestion de portefeuille. Développées par le Centre Intact d’adaptation au climat, les MRC peuvent aider à identifier « les risques physiques les plus importants qui guettent les entreprises en raison des phénomènes météorologiques extrêmes liés au climat. »

« Les changements climatiques sont un risque, non seulement pour l’environnement, mais aussi pour la stabilité à long terme de l’économie et du système financier mondial. Il est essentiel que les investisseurs comprennent les risques physiques et transitionnels que pose le climat sur les entreprises de leur portefeuille », indique d’ailleurs à ce sujet Sonia Baxendale, présidente et cheffe de la direction du Global Risk Institute.

On y donne, à titre d’exemple, le cas d’une entreprise possédant des milliers de kilomètres de lignes électriques. « La MRC offre aux gestionnaires de portefeuilles qui s’intéressent à investir dans une entreprise, un moyen d’identifier ce risque, et de considérer si les mesures d’atténuation, comme l’élagage des arbres et l’augmentation du courant pour faire fondre la glace, ont été prises pour éviter les interruptions de courant et les pertes de revenus. »

QUELQUES DONNÉES RECUEILLIES LORS DE L’ENQUÊTE

La majorité́ des investisseurs (54 %) ont attribué une importance « très haute » ou « assez haute » aux risques physiques liés aux changements climatiques.

Parmi les répondants, 62 % n’intégraient pas encore les répercussions physiques des changements climatiques dans l’évaluation financière des actifs.

Pas moins de 46 % des investisseurs interrogés ont répondu qu’aucun de leurs administrateurs n’avait reçu une formation sur les risques climatiques, ou qu’ils ne savaient pas exactement quelle formation ceux-ci avaient reçue.

Une proportion considérable des sondés (85 %) ont indiqué que ces matrices étaient une excellente approche pour commencer l’analyse des risques climatiques physiques applicables aux actifs qu’ils gèrent.

« Une série de MRC, développée pour une gamme de secteurs, serait tout de suite utile aux investisseurs institutionnels pour gérer leurs portefeuilles d’une manière cohérente avec la direction décrite par le Task Force on Climate-Related Financial Disclosure (TCFD) », affirme Blair Feltmate, président du Centre Intact.

Les pertes dues aux phénomènes météorologiques extrêmes (décès, pertes de biens et perturbation des activités économiques) ont coûté 1,3 billion de dollars américains ces 10 dernières années, selon le Fonds monétaire international (FMI).

Toujours selon le FMI, les actifs et les marchés boursiers pourraient être surévalués, étant donné qu’ils ne tiennent pas compte des coûts associés aux risques climatiques.

À la fin de novembre 2020, les huit plus grandes caisses de retraite du Canada, gérant 1,6 billion de dollars d’actifs, ont conjointement appelé les entreprises à utiliser une méthode normalisée pour déclarer leurs données environnementales, sociales et de gouvernance (ESG).

Le Centre Intact d’adaptation au climat (Centre Intact) est un centre de recherche appliquée de l’Université de Waterloo, en Ontario, fondé en 2015 grâce au financement d’Intact Corporation financière. L’enquête a été effectuée en octobre 2019 auprès de 13 grands investisseurs institutionnels d’Amérique du Nord, d’Australie et d’Europe.