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Avoir accès à une multitude de technologies révolutionnaires, c’est un bon début, mais encore faut-il trouver la façon de les utiliser pour bonifier les services offerts aux clients. Pour les assureurs, le défi est de taille.

« Les principaux problèmes ne sont pas techniques ou technologiques. La plupart des innovations ont déjà atteint un bon stade de maturité. La difficulté, c’est de les intégrer à nos activités », a expliqué Benjamin VonEuw, leader du Centre d’innovation à iA Groupe financier.

Lors de la conférence Insurtech QC, qui a eu lieu lundi à Québec, plusieurs représentants d’assureurs ont confié avoir du mal à cibler les initiatives qui en valent vraiment la peine dans l’univers assurtech.

« Le défi de prendre des nouveaux outils technologiques et d’en faire des composantes rentables de nos affaires est très grand », affirme Eric Benoit, vice-président, Ingénierie et innovation à SSQ Assurance.

LES ATOUTS DE LA COLLABORATION

Les startups qui mettent le pied dans le monde des assurtechs ont toute la latitude pour développer un nouveau modèle d’affaires. Mais pour les grands assureurs, qui sont empêtrés dans des systèmes hérités, il est beaucoup plus difficile de changer radicalement de cap.

C’est précisément là que les partenariats entre assureurs et assurtechs révèlent tout leur potentiel. « Le réflexe des assureurs a longtemps été de tout vouloir développer à l’interne, mais travailler avec des petites firmes externes a de nombreux avantages », soutient Frédérique Leclerc, vice-présidente marketing et numérique à La Capitale. L’assureur de Québec a notamment conclu un partenariat avec le développeur de jeux vidéo Behaviour Interactive pour procéder à la refonte de ses plateformes numériques.

Les bénéfices pour un assureur de travailler en collaboration avec des assurtechs sont multiples, soutient Ian Jeffrey, lui-même cofondateur et président d’une telle firme, Breathe Life. Parmi ceux-ci, il note la réduction des coûts de développement et d’exploitation des outils technologiques, l’accélération de la mise en marché des produits, la possibilité de rejoindre des clientèles cibles difficilement accessibles et la réduction des risques financiers pris par les assureurs grâce à de meilleurs outils de mesure.

« Certaines assurtechs veulent concurrencer les assureurs, mais un grand nombre d’entre elles cherchent plutôt à travailler en partenariat avec eux », fait-il remarquer.

LA TECHNOLOGIE DOIT RÉSOUDRE UN PROBLÈME

À l’heure où les technologies tape-à-l’œil foisonnent, il est facile de se laisser emporter par le courant et perdre de vue ses objectifs. « On ne doit jamais tomber en amour avec une nouvelle technologie, car on risque de perdre notre temps à essayer de trouver un problème pour pouvoir l’utiliser », souligne Philippe Gosselin, directeur à la Direction Innovation chez Desjardins Groupe d’Assurances générales. « On doit plutôt se demander si une technologie répond vraiment à un problème auquel nous sommes confrontés. Par exemple, je n’ai pas encore trouvé d’enjeu que la chaîne de blocs pourrait me permettre de résoudre. »

Parfois, les technologies sont prêtes à être déployées, mais la société, elle, ne l’est pas. L’utilisation des données et de l’intelligence artificielle soulève en effet de nombreuses questions éthiques relatives à la confidentialité des informations personnelles.

Pour demeurer de bonnes entreprises citoyennes, les assureurs doivent prendre en compte l’acceptabilité sociale. Le simple fait de se conformer à la réglementation ne suffit pas toujours. « Il y a un an, je voulais aller de l’avant avec un projet, mais j’ai finalement décidé d’abandonner, raconte Philippe Gosselin. Les inquiétudes liées à la confidentialité des données semblaient trop grandes dans la population. Je ne voulais pas me retrouver dans les journaux pour les mauvaises raisons. »

Insurtech QC a assumé les coûts liés à la couverture de la conférence. Cet article a toutefois été rédigé sans aucune contribution ou surveillance de la part des organisateurs de l’événement.