Il faudra au moins deux ans pour que le secteur immobilier retourne à ses niveaux pré-pandémiques, estime Katherine Judge, économiste à Marchés mondiaux CIBC.

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« Les mesures de distanciation sociales ont gelé à la fois l’offre et la demande sur le marché immobilier. Les indicateurs de prix que nous recevons actuellement manquent de fiabilité, car il n’y a pas assez de transactions pour vraiment voir ce qui se passe. Mais le retrait de certaines mesures depuis quelques semaines a engendré une légère reprise d’activité », observe Katherine Judge.

Selon l’experte, l’immobilier va suivre un tracé cahoteux pour le reste de l’année et jusqu’en 2021. Dans l’ensemble, elle s’attend à des baisses de prix de l’ordre de 5 à 10 % par rapport aux niveaux pré-coronavirus, mais les effets seront différents selon les sous-segments du marché.

« Les prix des condos de luxe seront les plus affectés, comme on le voit déjà dans les données qui commencent à rentrer. La demande s’est déplacée vers des propriétés à moindre prix », dit Katerine Judge.

Le marché de la location va aussi subir durement les effets des mesures de distanciation sociale, car l’immigration a cessé, de même que l’arrivée des résidents non permanents comme les étudiants étrangers, qui mettront du temps à revenir même après la levée des restrictions, croit-elle.

 L’ENDETTEMENT EN CAUSE

« On ne verra pas le secteur s’améliorer avant 2022. La Banque du Canada a fait baisser les taux et augmenté les liquidités sur les marchés, mais dans un environnement de très basse confiance, de chômage élevé et de faible hausse des revenus, les taux deviennent un facteur secondaire pour l’immobilier. Nous entrevoyons donc un ralentissement général pour la prochaine année », explique Katherine Judge.

L’experte croit que les retards de versements hypothécaires devraient se multiplier malgré le programme de report de paiements du gouvernement fédéral, surtout en Ontario, où l’endettement des ménages était déjà très élevé. Lorsque le programme s’achèvera, le chômage demeurera élevé et les retards de paiements risquent d’alors d’augmenter.

« Ce facteur nous laisse penser que le marché va reprendre en 2021, mais à des prix plus bas, car la demande ne sera pas au même niveau qu’avant. Ils pourront remonter en 2022 si le taux de chômage baisse à ce moment », dit-elle.

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, présenté par CIBC. Il a été écrit sans l’intervention du commanditaire.