Alors que les Québécois se jugent moins compétents que les autres Canadiens en matière de fiscalité et de déclaration de revenus, une nouvelle étude indique que c’est tout le contraire, rapporte Le Devoir.

La Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke a ainsi évalué le degré de confiance des Canadiens envers leurs connaissances fiscales, leur comportement quant à la production d’une déclaration de revenus ainsi que leur niveau de connaissances réelles en matière de littératie fiscale.

Les participants devaient répondre à un questionnaire portant sur des situations courantes dans six domaines différents, comme les modalités de retrait d’un régime enregistré d’épargne-retraite (REER) autrement que pour des études ou l’achat d’une première maison, les gains tirés de la vente d’une résidence principale ou encore la manière d’utiliser un compte d’épargne libre d’impôt (CELI).

Publié vendredi, le rapport montre que les résidents du Québec obtiennent une note globale supérieure de 3 % à celle de leurs homologues ailleurs au Canada (52 % de bonnes réponses, contre une moyenne de 49 %). Pourtant, lorsqu’ils sont interrogés par les chercheurs, seuls un peu plus de la moitié des répondants québécois (54 %) estiment connaître « assez bien » (47 %) ou « très bien » (7 %) les mesures fiscales qui les concernent, comparativement à 65 % dans le reste du pays.

L’INFLUENCE DE L’ÂGE ET DES REVENUS

Les plus jeunes sont beaucoup moins nombreux que les répondants plus âgés à prétendre connaître « assez bien » ou « très bien » les mesures fiscales les concernant : la proportion passe de 38 % pour les 18-24 ans à 75 % chez les 65 ans et plus.

Un phénomène similaire peut être observé entre le niveau de revenu et de connaissances des sondés. Les plus fortunés d’entre eux sont les plus nombreux à affirmer être « assez bien » au courant des mesures fiscales (57 % pour les revenus de 100 000 $ ou plus). Au contraire, les moins bien nantis admettent en plus grand nombre mal ou très mal les connaître (53 % pour les revenus inférieurs à 20 000 $).

LES ÉTUDES COMPTENT AUSSI

De même, le degré de connaissance des sondés augmente avec leur niveau de scolarité : 54 % des répondants avec un diplôme primaire, secondaire ou professionnel assurent assez bien ou très bien connaître les mesures fiscales les concernant, comparativement à 65 % chez les sondés ayant réalisé des études de niveau collégial et 68 % parmi les universitaires.

La majorité des répondants de l’ensemble du Canada ont eu la bonne réponse (77 %) quant à savoir si le retrait d’un REER (autre que pour l’achat d’une première maison ou pour les études) est imposable ou non. Toutefois, partout au pays sauf au Québec, le degré de réussite varie selon le niveau de scolarité : les personnes dont le plus haut diplôme obtenu est de niveau primaire, secondaire ou professionnel sont moins nombreuses à avoir eu la bonne réponse que les universitaires (72 %, contre 80 %).

Concernant le retrait de fonds d’un CELI, 69 % des répondants canadiens savaient qu’il était non imposable, mais le Québec s’est particulièrement distingué du reste du Canada avec une proportion de réussite de 74 %.

Autant au Québec que dans les autres provinces, le taux de bonne réponse diffère selon l’âge à propos du CELI. Les 65 ans et plus sont ceux qui obtiennent le meilleur résultat (77 % dans l’ensemble du Canada et 84 % au Québec). Les résultats varient en outre selon les revenus : les répondants recevant 100 000 $ et plus annuellement ont un taux de bonne réponse de 24 % plus élevé que ceux dont le revenu est inférieur à 20 000 $. Les diplômés du primaire, secondaire ou de l’école professionnelle (63 %) réussissent moins bien que ceux du collégial (72 %) et de l’université (74 %). Les propriétaires (73 %) obtiennent aussi de meilleurs résultats que les locataires (62 %).

Au sujet du gain tiré de la vente d’une résidence principale, seuls 37 % des répondants d’un océan à l’autre ont indiqué qu’il était non imposable. Cette fois encore, le taux de réussite au Québec est supérieur à celui des autres provinces (41 %). Il semble par ailleurs exister une relation entre l’âge et la réussite à cette question, puisque le taux de bonne réponse passe de 12 % pour les 18-24 ans à 58 % chez les 65 ans et plus.

Là aussi, le revenu familial influe sur les réponses : les sondés disposant d’un revenu annuel de 100 000 $ et plus obtiennent un taux de réussite de 35 % plus élevé que ceux dont le revenu est inférieur à 20 000 $. De plus, 30 % des personnes ayant un diplôme primaire, secondaire ou professionnel ont obtenu une bonne réponse, contre 44 % des universitaires.

L’étude constate que les hommes (52 %) obtiennent en moyenne une meilleure note que les femmes (48 %). Elle observe également « une relation linéaire et positive entre l’âge et la note globale obtenue », qui passe de 36 % chez les 18-24 ans à 58 % pour les 65 ans et plus, même si cette différence est moins marquée au Québec que dans le reste du Canada.

De même, la note globale augmente en fonction du revenu familial, variant de 36 % (moins de 20 000 $) à 57 % (100 000 $ et plus) d’un océan à l’autre. Enfin, les personnes qui détiennent un diplôme primaire, secondaire ou professionnel ont des notes inférieures de 5 % en moyenne à celles des diplômés du collégial et de 7 % à celles des universitaires.

L’analyse est basée sur un sondage en ligne mené au printemps 2019 par la firme Léger Marketing auprès d’un échantillon de quelque 3 000 personnes réparties d’un océan à l’autre.