Bill Gates
Photo : World Economic Forum [CC BY 2.0 (https://creativecommons.org/licenses/by/2.0)]

Se basant sur des arguments financiers et éthiques, Bill Gates se dit en faveur d’une imposition plus lourde des grandes fortunes aux États-Unis, rapporte Le Figaro.

Dans une note de blogue (en anglais) publiée à la veille du Nouvel An, le deuxième homme le plus riche de la planète appelle une fois de plus le gouvernement américain à renforcer la fiscalité qui pèse « légèrement » sur les plus fortunés. « Je suis conscient que des inégalités massives séparent encore les chanceux des autres, partout sur le globe, et que je bénéficie d’immenses privilèges du fait de cette inégalité », écrit-il notamment.

Abordant cette question des inégalités, le fondateur de Microsoft critique sévèrement l’actuel système fiscal dans son pays, récemment bouleversé par le président Trump, mais pas dans le sens où il l’espérait. « Le gouvernement américain ne récolte simplement pas assez d’argent pour remplir ses engagements », soutient le multimilliardaire, qui ajoute que les dépenses continuent d’augmenter, ce qui aggrave encore le problème.

« NE PAS PRIVILÉGIER LA RICHESSE SUR LE TRAVAIL »

Dans le même temps, relève-t-il, « l’écart de richesse se creuse » entre les plus démunis et les mieux nantis, au point qu’il est devenu « beaucoup plus important qu’il y a cinquante ans ». Un constat qui l’amène à faire cette confidence : « J’ai été récompensé de manière disproportionnée pour le travail que j’ai accompli, tandis que beaucoup d’autres qui travaillent tout aussi dur ont du mal à s’en sortir. » Dans ce contexte, l’homme d’affaires juge qu’il est devenu impératif d’accroître « considérablement » le niveau d’imposition des plus fortunés. Pour parvenir à mettre sur pied un système fiscal plus équitable, il émet plusieurs suggestions, notamment celle de hausser les taxes sur le capital au même niveau que celles qui pèsent sur le travail. En effet, assure-t-il, « il n’y a aucune raison de privilégier la richesse sur le travail ».

De même, il propose de revoir la fiscalité concernant les successions afin de mettre un terme au « système dynastique » qui, selon lui, est aujourd’hui en vigueur aux États-Unis. « Transmettre une grande richesse à vos enfants n’est bon pour personne, la prochaine génération ne se retrouve pas avec les mêmes incitations à travailler dur », justifie-t-il.

Au passage, le milliardaire rappelle que lui et sa conjointe donneront la quasi-totalité de leur fortune à leur fondation plutôt qu’à leurs enfants. Enfin, il juge qu’il faudrait entièrement revoir les systèmes fiscaux dont bénéficient nombre d’États américains afin de mettre un terme à des dispositions dont profitent les plus fortunés pour éviter de payer de l’impôt.

Bill Gates se montre par ailleurs très sceptique quant aux chances de réussite du « laisser-faire » actuel qui prévaut en matière d’imposition des grandes fortunes, invitées par le gouvernement fédéral à donner volontairement plus d’argent aux pouvoirs publics. « Les gens paient des impôts, car c’est une obligation légale et citoyenne, pas par charité », insiste-t-il. En outre, il juge que « des dons supplémentaires sur la base du volontariat ne procureront jamais assez d’argent » pour financer l’ensemble des politiques gouvernementales.

DÉBAT AUTOUR DE LA FISCALITÉ SUR LES GRANDES FORTUNES

« Notre pays doit réfléchir en profondeur à la manière dont les impôts élevés devraient être encore augmentés » afin de restaurer l’idéal de société du modèle américain, écrit encore Bill Gates. Sa conclusion : « Nous pouvons rendre notre système plus équitable sans sacrifier l’incitation à innover » en accroissant le niveau d’imposition des plus riches et en modifiant « la façon dont cet argent est collecté, mais aussi en revoyant la manière dont il est dépensé. »

Après avoir cité ces extraits du blogue de l’homme d’affaires, Le Figaro souligne que ses propos « s’inscrivent dans une réflexion en cours aux États-Unis autour de la fiscalité pesant sur les grandes fortunes ». En effet, relève le quotidien français, chouchoutées par l’actuelle administration républicaine, ces « élites » se retrouvent aujourd’hui sous le feu des critiques des candidats à l’investiture démocrate en vue des prochaines élections présidentielles. « À l’échelle locale comme lors des débats fédéraux, plusieurs élus se sont prononcés pour un alourdissement de la fiscalité pour des raisons éthiques, financières et politiques », rappelle le journal. C’est en particulier le cas de la sénatrice Elizabeth Warren, qui promet d’instaurer une taxe annuelle sur les ultra-riches d’environ 2 % à partir de 50 millions de dollars, et de 3 % au-delà.