Un homme en costume avec un masque tenant une tirelire au-dessus de sa tête pour fuir la COVID-19.
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« Avant même que nous ne soyons frappés par la pandémie de COVID-19, des centaines de millions de personnes dans le monde étaient déjà payées en dessous du salaire minimum. » Voilà ce qu’écrit l’Organisation internationale du travail (OIT), qui publiait récemment un rapport mondial sur les salaires.

Dans ce rapport, on constate que ce sont les salaires des femmes et des travailleurs faiblement rémunérés qui ont principalement écopé durant cette année minée par la pandémie.

Ainsi, la crise n’a pas touché équitablement hommes et femmes. En se basant sur une sélection de pays européens, le rapport estime que, « sans le versement de subventions salariales, la masse salariale [des femmes] aurait baissé de 8,1 %, et de 5,4 % pour les hommes. Un tel écart est surtout la conséquence de la réduction des heures travaillées plutôt que d’une différence au niveau du nombre de licenciements ».

Même chose du côté du travail dit « non qualifié ». L’enquête a révélé que dans plusieurs pays, la baisse du nombre d’heures travaillées a eu davantage de répercussions sur les métiers peu qualifiés, en particulier les professions élémentaires, plutôt que sur les métiers d’encadrement et sur les emplois qualifiés mieux rémunérés. « Dans certains pays européens […] la moitié des travailleurs les moins bien rémunérés auraient perdu environ 17,3 % de leur salaire, ce qui est, de loin, supérieur à la baisse d’environ 6,5 % qui serait enregistrée pour l’ensemble. »

LE SALAIRE MOYEN

C’est vers le bas qu’il faut regarder lorsqu’on analyse les données du premier semestre 2020. On a ainsi pu observer « une pression à la baisse sur le taux de croissance des salaires moyens dans deux tiers des pays pour lesquels on dispose de données récentes. Dans les autres pays, le salaire moyen a augmenté de façon largement artificielle, reflétant les suppressions d’emploi conséquentes qui ont touché les travailleurs faiblement rémunérés. »

Les inégalités demeurent malheureusement, et le rapport le démontre bien : on estime que 327 millions de salariés sont payés à un niveau égal ou inférieur au taux horaire du salaire minimum applicable. Ce nombre représente 19 % de l’ensemble des salariés et comprend 152 millions de femmes. Ces dernières compteraient d’ailleurs pour 39 % des individus payés au-dessus du salaire minimum, un chiffre qui monte à 47 % lorsque leurs revenus équivalent ou passent en dessous du revenu minimal.

« Des politiques salariales appropriées et équilibrées, élaborées dans le cadre d’un dialogue social à la fois approfondi et inclusif, s’imposent pour contenir les effets de la crise et soutenir la reprise économique », peut-on lire en conclusion du rapport. Seront-elles au rendez-vous?