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Les six plus grandes banques américaines ont généré ensemble un total de 120 milliards de dollars de profit en 2019, soulignent Les Echos. Un magot rendu possible par de bons résultats de trading en fin d’année et une bonne performance des banques de détail, mais surtout par les généreuses baisses d’impôt de Donald Trump.

Le résultat net de la plus grande banque du pays, JPMorgan Chase, a bondi de 12 % sur un an, à 36,4 milliards de dollars américains (47,5 G$ CA). Citigroup a vu son résultat net progresser de 8 %, alors que ses revenus n’augmentaient que de 2 %. Les profits ont par ailleurs augmenté de 3 % chez Morgan Stanley, pour passer à 9 G$ US (11,8 G$ CA).

Goldman Sachs, gêné par le scandale de détournement de fonds 1MDB et Wells Fargo, pris dans celui des faux compte bancaires, ont un peu déçu, mais ils ont tout de même affiché des rendements sur fonds propres avoisinant les 10 % l’an dernier (contre 15 % pour JPMorgan Chase). 

UN CADEAU DE TRUMP

Chez JPMorgan Chase et Bank of America, c’est la banque de détail qui a enregistré les meilleurs taux de croissance et de rentabilité, rappellent Les Echos. Les consommateurs ont beaucoup emprunté et acheté à crédit, dans un contexte où l’économie reste vigoureuse et où les taux sont bas. Les activités de trading ont aussi été juteuses en fin d’année.

Ce sont toutefois les baisses d’impôt accordées en 2018 par Donald Trump qui ont rendu possibles ces niveaux élevés de rentabilité. Le taux d’imposition sur les entreprises est alors passé de 35 % à 21 %. JPMorgan a dévoilé un taux effectif d’imposition de 18,2 % l’an dernier et de 20,3 % en 2018, contre 27 à 29 % les années précédentes. Juste cette année, les six grandes banques ont admis avoir économisé 18 G$ US (23,5 G$ CA) grâce à cette réforme. Donald Trump, qui ne laisse jamais passer une occasion de se congratuler en public, s’en est félicité, demandant même devant une dirigeante de JP Morgan « Allez-vous dire au moins  »merci M. le président » »?

LE DÉFICIT SE CREUSE

Les banques vont peut-être dire merci, mais il n’est pas certain que les citoyens américains doivent se féliciter de cette modification de la fiscalité. Au départ, elle devait permettre aux entreprises d’être plus compétitives, notamment en accélérant et en augmentant leurs investissements dans leur productivité et leur main-d’œuvre. Mais plusieurs grandes entreprises et notamment les banques en ont plutôt profité pour lancer de grands plans de rachat d’actions. L’argent a donc plutôt pris le chemin des poches des actionnaires. 

La réforme fiscale a aussi contribué à une augmentation massive du déficit américain, qui a dépassé l’année dernière 1 000 G$ US (1 305 G$ CA). Le Trésor américain annonçait d’ailleurs récemment l’émission d’obligations à 20 ans plus tard cette année, pour tenter de financer cette dette aussi avantageusement que possible.

« Le Trésor est convaincu qu’il y aura une forte demande pour ces obligations à 20 ans de la part des investisseurs, ce qui permettra au Trésor d’accroître sa capacité de financement à long terme », souligne le communiqué du gouvernement américain.

Les projections du Congressionnal Budget Office, une entité indépendante qui évalue régulièrement les comptes du pays, prévoient que le déficit budgétaire fédéral dépassera les 1 000 G$ US par an sur la période 2020-2029, soit au total plus de 12 200 G$ US (15,931 G$ CA). L’administration Trump, souligne l’Agence France Presse, a pour le moment dépensé sans compter. Les générations qui suivront pourraient en pays le prix. Facile de se montrer généreux lorsque l’on joue au père Noël avec la carte de crédit des autres…