Frédéric Roy de TC Media, Maarika Paul de la Caisse de dépôt et placement, Geneviève Blouin de Altervest et Annie Lapointe de BMO Marchés des capitaux..
Photo : James Wagner

Être un leader n’est pas une mince affaire, mais lorsqu’on est une femme dans un milieu d’hommes, les défis sont d’autant plus difficiles à surmonter. Dans le cadre d’un panel donné à l’occasion de la conférence Femmes dans l’industrie financière, trois femmes leaders ont partagé les embûches qu’elles ont rencontrées sur leur chemin vers les sommets de l’industrie financière.

Même si elles ont des parcours variés, Geneviève Blouin, présidente et fondatrice d’Altervest, Annie Lapointe, directrice générale, Services bancaires aux entreprises et investissements à BMO Marchés des capitaux, et Maarika Paul, chef de la direction financière et des opérations à la Caisse de dépôt et placement du Québec s’entendent pour dire que pour réussir en tant que leader, il faut savoir s’entourer et communiquer.

Les trois femmes ne pensaient pas arriver là où elles en sont aujourd’hui, et pourtant… Selon elles, ce qui leur a permis d’accéder à leur poste actuel, c’est leur capacité à collaborer. En tant que leader, il faut savoir gérer du personnel et, donc, travailler en équipe.

« On ne peut pas être expert en tout, il faut savoir déléguer », résume Maarika Paul.

LA COMMUNICATION D’ABORD

L’écoute permet de savoir quels sont les besoins de l’équipe et les outils dont elle a besoin pour réaliser les tâches qu’on lui a confiées, affirment les trois panélistes.

« Si on ne communique pas et que notre équipe ne comprend pas pourquoi on décide de faire quelque chose, ou au contraire, de ne pas agir, on ne pourra pas avancer. Même si ce n’est pas toujours facile d’y penser, la communication est essentielle », soutient Maarika Paul.

Communiquer veut aussi dire écouter les membres de son équipe. Un bon leader est quelqu’un qui connaît personnellement ses employés. Maarika Paul estime que si on peine à retenir les informations personnelles concernant les membres de son équipe, il ne faut pas hésiter à les noter quelque part.

« Créer un climat d’écoute encourage vos employés à venir vers vous s’ils ont besoin d’aide », souligne Geneviève Blouin.

La communication signifie également qu’il ne faut pas avoir peur d’aller chercher de l’aide. Geneviève Blouin se souvient ainsi du moment où elle a créé le Conseil des gestionnaires en émergence. À l’époque, elle avait formé une équipe pour jeter les bases du regroupement, mais dès la première réunion, elle s’est rendue compte que cela ne fonctionnait pas du tout. Les membres n’avaient réussi qu’à se disputer sans que rien de concret n’ait été réalisé.

Elle est donc allée chercher un mentor dans l’industrie pour savoir quel était le problème. Celui-ci lui a permis de comprendre que les personnes autour de la table travaillaient pour elles et non pour leur communauté. Elle a donc dissous le groupe de travail pour en former un nouveau. Plus tard, c’est également ce mentor qui l’a aidée à prendre sa place et s’imposer comme leader dans l’équipe.

OSER CRÉER DES PRÉCÉDENTS

En étant une femme dans une industrie d’hommes, il ne faut pas craindre de poser des actions qui n’ont jamais été faites. Annie Lapointe se souvient ainsi que lorsqu’elle est tombée enceinte, c’était la première fois que son équipe était confrontée à une telle situation. Les membres du groupe s’inquiétaient beaucoup de la façon dont tout allait se dérouler et tentaient de l’inciter à prendre un court congé de maternité de deux mois, à l’instar de femmes qu’ils connaissaient. Mme Lapointe n’a pas eu peur de dire qu’elle comptait s’absenter un an et ses collègues ont fini par l’accepter.

Maarika Paul confirme que si les femmes sont parfois plus réservées, il faut oser prendre sa place et imposer ses limites. Il faut aussi comprendre qu’un leader reste un être humain, il ne peut donc pas tout faire et peut aussi se tromper.

Pour une conciliation travail-famille réussie, les trois expertes estiment qu’il faut faire preuve d’une certaine résilience et, surtout, apprendre à s’appuyer sur les autres.

« Il faut apprendre à vivre avec la culpabilité. On ne peut pas être partout, souligne Annie Lapointe, il faut donc savoir tourner les coins ronds. Il faut également savoir s’entourer autant au bureau qu’à la maison. »

Geneviève Blouin la rejoint sur ces points et avoue qu’elle n’aurait pas pu s’occuper de ses enfants et travailler sans avoir de l’aide. Elle-même a pris un long congé de travail pour être là pendant les premières années avec ses enfants. Elle admet cependant que cette situation n’aurait pas pu être permanente, car, à un certain moment, elle n’avait plus l’impression de s’épanouir.

« Si tes enfants sentent que tu n’es pas heureuse, ça ne fonctionne pas non plus, assure-t-elle. Je suis donc retournée au travail. C’est vrai que maintenant, je vois peut-être mes enfants moins souvent que je le voudrais, mais je me sens plus épanouie. »