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La startup d’Ottawa Mindbridge Analytics Inc propose depuis peu un logiciel d’intelligence artificielle aidant à débusquer la fraude et autres anomalies comptables. Un outil dont la popularité grandit rapidement, rapporte le Globe and Mail.

Même avec un auditeur externe professionnel, la fraude comptable et fiscale est difficile à identifier. Un récent rapport de l’Association of Certified Fraud Examiners estime à quatre pour cent environ la proportion de fraude exposée par des auditeurs externes. Les logiciels spécialisés en trouvent encore moins. La plupart des fraudes sont en fait dénoncées par des lanceurs d’alerte.

L’entrepreneur Solon Angel a développé un logiciel d’intelligence artificielle justement destiné à changer cette dynamique et à faire la vie plus dure aux fraudeurs. Son concept, Mindbridge, est au cœur de la startup maintenant dirigée par le PDG Eli Fathi, un entrepreneur qui a fondé ou cofondé six entreprises depuis son arrivée à Ottawa au début des années 1970. Ce dernier, qui cherchait à se lancer dans les fintech, n’a pas hésité quand il a pris connaissance du potentiel du projet.

DÉJÀ DE GROS CLIENTS

C’était il y a 18 mois. Mindbridge a maintenant à sa tête une équipe de direction chevronnée composée notamment du directeur des technologies Robin Grosset, anciennement du groupe Watson Analytics d’IBM, et d’autres dirigeants locaux d’IBM et de Canadian Bank Note Co Ltd. Mindbridge a levé 4,3 millions de dollars de divers investisseurs, dont les fonds montréalais Real Ventures et américain 8VC.

M. Fathi croit que son logiciel pourrait être utilisé dans 1 000 organisations en 2019 et pourrait entrer en Bourse dès 2020. Il prévoit que Mindbridge générera des revenus de 100 millions de dollars par année dans quatre ans. Déjà, Thomson Reuters, BDO et Grant Thornton ont fait part de leur enthousiasme. Thomson Reuters l’ajoute à son offre de service en audit fiscal et comptable dès cette année. « Leurs capacités d’apprentissage profond semble unique dans le secteur de l’audit et dépasse de loin les capacités de tous les fournisseurs d’analyse de données que nous avons vus auparavant », soutient Scott Spradling, vice-président, audit et comptabilité, de Thomson Reuters.

DES MILLIONS D’ENTRÉES EXAMINÉES EN TROIS JOURS

De son côté, Kirstie Tiernan, de BDO à Chicago, donne l’exemple d’un cas où le logiciel a permis d’examiner des millions d’entrées de comptabilité de clients en à peine trois jours, ce qui a permis de débusquer deux cas de fraude. Un tour de force impossible sans ce genre d’outil. Un outil qui n’est pas tant destiné à remplacer les auditeurs qu’à les accompagner dans leur travail. Les méthodes traditionnelles analysent très souvent un échantillon des entrées d’un livre comptable, alors que Mindbridge permet de toutes les analyser, d’identifier celles qui semblent suspectes et de les présenter dans un tableau. Les auditeurs peuvent, par la suite, revoir ces dernières et poser les gestes qui conviennent.

CONVAINCRE LES AUDITEURS

Reste à convaincre les auditeurs eux-mêmes. Le plus gros défi de Mindbridge est en effet d’amener les auditeurs à se fier au logiciel en toute confiance. « C’est l’un des plus gros défi, confirme Eric Au, directeur du groupe des innovations en analyse de données de Grant Thornton. Même si l’on peut démontrer qu’une machine est plus efficace qu’un humain, il faut tout de même que les gens soient à l’aise de l’utiliser. »

Mais pour Kirstie Tiernan, une fois que l’on a vu le logiciel en action, il est vraiment difficile d’imaginer retourner aux anciennes méthodes. Que les fraudeurs se le tiennent pour dit, ils ont un nouveau RoboCop à leurs trousses!